Élémentaire,
mon cher Watson, qui vole un œuf ne vole pas un bœuf !... :
La
haute-bourgeoisie, grand voleur de bœufs et grand chef proxénète
de cheptel de soumis(es), est-elle « soumise » aux belles
lois républicaines de « LA Justice rendue au NOM du
PEUPLE » ?…
Rassurez-vous
(ou désolez-vous !), je ne vais pas blablater sur DSK. Juste
saisir au bond cet hypocrite étalage, odieuse parodie de vraie
justice-sociale, pour aller à l'essentiel : le règne de la
cruelle justice bourgeoise sur le petit peuple turbulent et insoumis.
Toutes
les semaines, à tour de bras et à la va-vite, les divers et variés
petits voleurs d'œuf ou de poule, passent (pour ceux qui ne sont pas
en « préventive ») à la case tribunal avant d'aller
continuer de surpeupler les prisons, là où apprendre à récidiver
en mieux…
Variantes ? :
prison avec sursis, comme lourde épée de Damoclès suspendue à un
cheveu, amende, peine de substitution, mise à l'épreuve, j'en
passe…
Je
ne passe pas sur les méfaits de rumeurs de commérages, souvent
issus du matraquage des journaux locaux, avides de vendre du papier,
déjà sponsorisé par... les voleurs de bœufs, je veux dire les
margoulins aux affaires du consumérisme et du conformisme.
« Faut
marcher droit, c'est la loi. »... sauf que ce dit « droit
chemin » est imposé dans une inouïe inégalité sociale et
par qui ? Par le voleur de bœuf au voleur de l'œuf au nom de
sa fausse morale de « qui vole un œuf vole un bœuf ».
Qui aboutit dans la pratique (pour 99% des cas, sans doute) à
lourdement sanctionner le petit et blanchir le gros.
J'espère
que je ne vous apprends rien... mais, voilà : lorsque cela vous
tombe sur la tête, on a beau le savoir, on est tout surpris, choqué,
abasourdi, en colère ou en pleurs, révolté ou moralement anéanti
– durablement dépressif, au pire...
*
Il
fut un temps où ma jeune « sœur » (ma quasi-sœur) fut
victime de cette justice de classe. Son tort fondamental fut qu'elle
ne put se payer un bon avocat (tarif minimum actuel 100€
l'HEURE...) : son avocat commis-d'office bâcla le dossier…
L'affaire
consistait à la considérer ou pas comme « mère indigne »,
suite à une plainte déposée contre elle par le père de leur
fillette de 11 ans. Parents divorcés, la mère avait garde de
l'enfant, laquelle séjournait parfois chez son père, comme prévu.
Mais celui-ci refusa un jour de rendre l'enfant en déposant sa
plainte, basée sur ces faits : pour arroser son
anniversaire entre amis , la maman avait emmené la gamine dans
un bistrot et il y survint un incident fâcheux : un convive
éméché, le compagnon de la mère, avait giflé l'enfant... Tel
était du moins la version, très caricaturale, du plaignant.
Il
y faudrait des pages, celles du dossier, à d'ailleurs réécrire :
je passe ici sur le lourd contexte de cette affaire, beaucoup plus
important qu'un fait isolé. Contexte qu'un tribunal digne de ce nom
aurait dû prendre en compte pour juger, après plaidoirie d'un
avocat digne de ce nom…
Un
an et demi après les faits, l'affaire passa enfin au tribunal. La
mère fut vite-vite condamnée à un an de prison avec sursis (la
Justice est débordée!). Puis, arguant que la fillette avait une
fratrie (demi-frères et sœurs) chez son père, celui-ci en eut la
garde légale…
Ma
sœur ne fit pas appel du jugement : trop démunie et
abasourdie... puis déprimée par la rumeur de « mauvaise
mère », relayée par les gazettes « aux ordres ».
Elle mit des années chaotiques à s'en remettre, mais c'est fait :
l'ex-fillette devenue femme adulte préfère nettement sa mère à
son père !
*
Je
n’ai jamais volé de bœuf, mais quelques œufs : l’aveu !
C’était en Angleterre vers mes 16 ans, où je voyageais fauché en
auto-stop et dormais au petit bonheur la chance, parfois dans des
« coachs », confortables autocars en parking. Et le petit
matin, affamé, je me servais un demi-litre de lait frais et quelques
œufs, déposés devant une porte de cottage. Avec le poinçon de mon
couteau, je faisais un trou dans la coquille pour aspirer une crudité
de blanc et jaune d’œuf, régal arrosé de lait cru !... De
quoi tenir bien des heures de vagabondage !
Dix
ans plus tard, j’étais étudiant-stagiaire pour une enquête dite
sociologique au Burkina-Faso. Mais en fait il s’agissait de
recenser les meilleures terres pour détourner l’agriculture
vivrière vers l’agriculture d’exportation, coton, banane ou
arachide. Une fois le pot aux roses découvert, grâce à la lucidité
politique de nos interprètes - de tous jeunes lycéens de
Ouagadougou - nous avons fait une grève du zèle qui consistait à
ne pas fournir de données chiffrées, mais des appréciations
détaillées sur les besoins des paysans enquêtés… en cultures
vivrières. Si bien que nous fûmes « rapatriés » en
France, à l’exception du seul non gréviste sur une douzaine -
lequel a, depuis, fait haute carrière dans la dite « coopération »
bidon… en toute cynique logique.
L’un
des souvenirs marquants de ce court séjour (3 semaines au lieu de 5)
était de ne pouvoir refuser le cadeau de bienvenue de la part de ces
paysans pauvres, en général quelques œufs. Si bien que le soir,
nous mangions souvent, mon copain interprète et moi, une omelette ou
des œufs durs, dans notre camionnette de camping. L’astuce pour ne
pas « voler plus pauvre que nous » était de prévoir
quelque cadeau en retour ou « d’oublier » un petit
billet de banque, discrètement !
*
Ces
deux anecdotes (d'Angleterre et du Burkina) sont issues de mon essai
(tirage épuisé) de 2009 intitulé « Traces d'Avenir »,
au chapitre « L'œuf et le bœuf », lequel commence
ainsi :
« Qui
vole un œuf vole un bœuf », dit un proverbe menteur, comme
l’est le riche, voleur de troupeaux de bœufs en toute impunité,
cependant qu’il abat sa chicotte sur le dos de l’esclave
« coupable » d’un simple geste de paresse… Cela se
passe notamment en Afrique du Sud et en Namibie il y a moins d’un
siècle. Et un peu partout, et avant et après. Et pire, aujourd’hui
avec les mafias et les traders, etc.
Isn't, dear DSK ?
Sous l'casque d'Erby